jeudi 26 mai 2016

Contre

Contre

moi                            contre
lui                              contre
l'arbre                        contre
vents et marées          contre
champ                        contre
les évidences

                                  contre




Sur le point de


franchir la ligne                              sur le point  de

passer outre                                  sur le point

d'oublier l'essentiel                        sur le point de                                                              
tomber dans un gouffre                  sur le point  de

ne pas voir la terre sous ses pas      sur le point

d'envol du héron                            sur le point

du juste équilibre de la phrase         sur le point

du i posé trop vite trop mal             sur le point de 

passer le pont                                 sur le point  de

fracasser son image dans le miroir
                                                        
                                                 
                                        sur le point de

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D'après une consigne de Philippe Aigrin proposé par Laura sur les prépositions

Voir  ICI

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lundi 23 mai 2016

Une photo qui vous touche





Dire pourquoi un photo nous touche, c'est de trop. Les mots à trouver existent-t-il alors qu'il s'agit de sensations et d'émotions. On aurait pour une fois envie de faire silence malgré la consigne et laisser parler l'image d'elle même. Ne voyez vous pas la vie, l'élévation, le lien, la joie, la grâce, les mouvements en écriture calligraphié. L'authenticité du trait le mouvements délié qui invite à la danse, une danse toute en légèreté et en reliance. Les lettres calligraphiées ont cette même résonance de vibration et d'élan. La lettre chemin de vie, la lettre ouverture à l'espace, aux gestes justes.

dessin et peinture de Ben


dimanche 22 mai 2016

Une consigne

Marcher à reculons! Consigne étrange! Alors que je pensais sauter ce jour sans idée aucune, une émission écoutée cette nuit sur FC m'a induit celle-là! C'était une interview de Wim Wenders sur les ailes du désir. J'ai réalisé que ce film avait bientôt  trente ans. Ça m'a fait un choc! Ce qu'il disait était passionnant, je ne pourrai tout redire ici, excepté cette phrase, marcher à reculons. Bizarrement ça m'arrive dans mes ballades avec l’explication que ça défatigue! Cette phrase symbolique du passé rejoignant mes marches du jour! Avancer vers l'avenir en regardant le passé, ça m'a parlé! Pas vous?


jeudi 19 mai 2016

Tache

Quand on regarde effaré, ce qu'on est, ce qu'on aurait pu être, ce qu'on a été, dans ce magma de contingence, social, génétique, familial, religieux, hasardeux, avec aussi ses propres forces, son propre génome, il est bien difficile de voir le sens, le but. Nous n'étions pas au départ une page vierge sans taches. Aujourd'hui le tracé de ce qu'on a tenté de graver sur le livre de vie s'efface dans un halo blafard. Seule l'écriture pourrait restituer l'histoire en se distançant suffisamment pour ne pas sombrer dans cette crevasse béante du pourquoi, l'épingler, la disséquer avec suffisamment de justesse de courage, d'un regard implacable, sans aucune concession.

mercredi 18 mai 2016

Tache

Comment décrire ce sentiment d'abîme indescriptible que l'on ressent en repensant à la vie traversée et qui me remonte à la gorge en lisant «Mémoire de fille d' Annie Ernaux», un sentiment d'abîme et de perte où l'on n'a pas sombré ? Par un concours de circonstances, une suite de hasards  inconcevables, on serait resté au bord, à moins que ne ce soit par la force du poignet, de par une énergie et une volonté ignorée même de soi, ou bien de par ces germes semés par nos géniteurs, ceux la même qui voulant nous protéger nous y précipitaient sans le vouloir, on se serait alors construit contre eux, provoquant ces forces contraires qui nous auraient tenus debout ?



lundi 16 mai 2016

Enfant

au creux des mères lové
inscrivant en germe
un futur dérobé

enfant porteur
d'avenir de souvenirs

enfant silence
où se dit peu à peu
la parole et les mots

visage vierge
paupières cachant
le mystère

de l'origine

O vois le tout petit
qui dort sur son cœur

mère veillant jusqu'à la mort
portant dans ses mains vieilles
l'amour palpitant intacte

On appends à être passage
sur la route on ne savait rien

on se déleste de ce qui était nous
ça continue à tordre les entrailles

empreinte de feu
blessure solaire
embrasant la peur

l'enfantement nous fait renaître à nouveau









vendredi 13 mai 2016

La toute première question qu'on va vous poser


Avez vous vu l'oiseau bleu? Ce ne sera pas vrai ce ne sera personne. C'est une question imaginaire à une personne imaginaire, mais cette question je la porte en moi depuis si longtemps. C'est peu-être la quête du bonheur? Qui peut savoir? La quête de l'enfant dans les contes, errant dans d'immenses pays aux forêts sombres, marchant dans des collines balayées par le vent, allant à la source des fleuves, frappant aux châteaux de passage pour demander sa route; mais méfiance l'ogre n'est pas loin, il guette sa proie, il a déjà tué l'oiseau bleu. Il n'y aura donc pas de réponse à la question. Il reste cependant encore un espoir, l'oiseau ne serait pas mort, il se cache dans les mots, dans les lettres. Pour ne pas perdre le nord je cherche et traduis des mots dans des lettres aux arabesques gracieuses rouges et ors, aux plumages bleus et je remonte à la source du langage.






jeudi 12 mai 2016

Fragments d'aujourd'hui raconté en poésie


Je ne sais pas faire de la poésie
ni avec mes mains ni avec ma tête
ne suis pas digne ne suis pas prête

trop d'orgueil
outre vide
sac d'os
tête en vrille

Je contemple
ce trou noir

lamentation de biche
appelant son faon

je n'ai pas vu
les aubes se succéder
ne peux rien en dire

j'ai fermé
paupières et volets
dans le noir absolu
j'écoute le sang pulsé

je n'écrirai pas
je resterai l'enfant
tenant la main de son père
humant l'odeur de tabac blond
émerveillé immortel

et plus jamais plus jamais
ne mettrai de poèmes 
dans sa boite à pipe

L'océan ne me prendra pas par la main à la fin

bien avant je jetterai
tous les feuillets les carnets
dans les vagues hautes

le papier mouillé d'écume
d'embruns de larmes
sera mon tombeau



mercredi 11 mai 2016

Une multitude de




Ainsi nous suivons le fil à travers des multitudes de possibilités et avec une stratégie d'incertitude nous avançons. A chaque pas s'ouvre un nouveau possible. Cette potentialité en l'homme de l'espérance à l'épreuve de la réalité, d'essayer toutes les hypothèses, telles des fractales se diffusant à l'infini dans l'espace. Destin et coutume s'opposent mais ils produisent le même effet, la répétition par les usages immémoriaux, les croyances ancestrales. Rompant avec eux on s'éprouve dans son unicité , mais on éprouve aussi la division du sujet, au risque de se perdre, ou de reproduire à nouveau les schémas inconscients du destin.


lundi 9 mai 2016

La ligne qui va

Faire revenir du passé les images, les sensations non par nostalgie mais pour renouer avec une intensité de vie, de bonheur. Tenter de s'y accorder avec toutes les couches rajoutées depuis . Défaire les constructions, suivre la ligne qui va de soi à soi, l'actualiser dans l' aujourd'hui. Préserver la vie d'une parole, la placer dans un horizon plus vaste, prendre au mot ce qu'on est. Ce qu'on saisit à la volée, prend forme sous nos yeux, révèle sa logique, sa cohérence, dans une lente remontée mot à mot, au cœur de ce qui est une pensée. Ce sont moins les mots qui guident, que essayer de dire un incertain de soi, un inconscient partout présent, difficile à cerner mais essentiel, quelque chose qui nous pétri, dont on est le ferment et dont on essaie d'accoucher.



vendredi 6 mai 2016

Un carré parfait

Enfin la douceur de l'air, enfin la joie de contempler le ciel, les prés, devant la fenêtre grande ouverte comme un bateau sur le large. Sentir la brise douce sur son visage, écouter le chant des oiseaux, des grillons. Rien d'autre ne vient interrompre cette méditation heureuse. Les hautes ombres des arbres s'étendent sur les collines vertes. Le bruit du vent dans les sapins fait un mugissement de mer. Fermer les yeux et l'embarquement pour le rêve est permis. Je pourrai tout aussi bien dessiner un carré parfait. Le bonheur ça a quelle forme?





mercredi 4 mai 2016

Aujourd'hui ce qu'il y a dedans






Je n'avais pas ouvert les petits galets recouverts de papier bleu, préférant les imaginer poser sur le sable de l'île, de toute couleur, de toute forme, troués parfois, et vous marchant doucement sur la plage pas loin du phare, le regard posé au sol à la recherche de ces petits trésors. Chacun d'eux étant un morceau de vos cœurs, je les garde bien à l'abri dans le papier bleu, qui m'évoque aussi le ciel de l'île et même celui qui cache un intrus, peut-être un coquillage, restera caché, protégé comme le secret, de vos âmes de poète et de peintre.





mardi 3 mai 2016

Sucré


Le bonheur aurait-il un goût sucré? Je me souviens des soirs d'été où l'on allait à vogue* dans la petite ville du bord de mer en Charente. Il y avait des vendeurs de sucreries dans des roulottes . Parfois notre mère nous achetait une gaufre au sucre ou à la chantilly, elle fondait encore chaude dans la bouche, on s'en léchait les doigts, ou bien c'était une chique, sorte de long bâton de sucre de couleur, qui s'étirait sur une machine bizarre, que l'on mangeait vite avant qu'il ne durcisse et qui collait au dents. Ça n'était pas à chaque sortie, c'était au bon plaisir de notre mère, on ne demandait rien, mais quand ça survenait, on était heureux. Mon frère était un peu amoureux de la vendeuse moi j'étais amoureuse de l'océan, du bruit des vagues la nuit, des soirs enjoués où couverts de pulls et de bonnets on ne sentait pas la fraîcheur océane, mon père et ma mère riaient ,fumant une cigarette. Amoureuse du bonheur.

*Le mot vogue est un mot de chez nous (Loire) désignant une fête foraine avec des manèges et des marchands de sucreries ambulants


lundi 2 mai 2016

Comment lui dire


Comment lui dire ce qui craque dans toutes les couches qu'on a fait siennes. Cette construction bizarre, bancale, que l'on bâti jour après jour, vaille que vaille, avec courage et qui parfois se défait, tombe en ruine ou en poussière. Parfois que l'on refait à l'identique, parfois que l'on délaisse comme un vieux tas de bois usé, telle une peau que l'on quitte pour muter vers autre chose qu'on ignore. Ce n'est pas une trahison, un reniement. C'est le chemin de soi qui se fait avec les érosions et les tempêtes. J'aimerai lui dire comment je pense à demain en regardant avec lucidité la vie la mort, en prenant chaque instant comme un cadeau précieux. Mais il n'est plus là.